Si le mensonge prend l’ascenseur, la vérité prend l’escalier, elle met plus de temps, mais finit toujours par arriver.
Hier 26 janvier 2022, Monsieur Macron a dit enfin les quelques mots que nous attendions depuis si longtemps…Oh, certes, tout n’a pas été dit…
Le 26 mars a été reconnu dans son horreur, mais, réduit à une « manifestation organisée par l’OAS »…ce qui ne justifie surement pas tout....
Nous aurions aimé entendre que depuis déjà quatre jours, Bab El Oued était durement bouclé, affamé, mitraillé, et que ces manifestants venaient au secours de leurs frères et sœurs d’Alger, car cette fraternité existait chez nous ; que l’Armée de l’Air envoyait ses avions qui n’hésitaient pas à tirer sur les terrasses, et que nous avions des morts….
A la question posée à des officiers pour savoir si on pouvait enterrer nos morts, la réponse a été : « Vous n’avez qu’à les bouffer »…
Il n’en reste pas moins qu’un vague membre de l’OAS, que personne ne connaissait à en croire les dirigeants de l’époque, a lancé cette manifestation.
Celle-ci a été canalisée pour arriver devant des soldats qui ne connaissaient pas du tout le maintien de l’ordre, et qui, disons-le crument, avaient à donner des gages de fidélité au nouveau gouvernement Algérien, puis a été empêchée de faire demi-tour et donc, obligée d’arriver où on voulait qu’elle arrive.
Ces militaires, rompus aux combats les plus durs dans le djebel, ont été appelés et avaient reçu de leur hiérarchie, l’ordre de tirer.
Tout cela m’amène à penser qu’il s’agit d’un massacre organisé, préparé en plus haut lieu, par des gens qui haïssaient les PN, et que tout ce sang versé justifie que l’on poursuive, devant l’Histoire, les responsables.
Monsieur Macron a évoqué avec beaucoup d’émotion dans la voix, le 5 juillet qu’il a reconnu également, évoquant les groupes armés qui venaient en taxi, mais sans trop développer…Là aussi, ces crimes impardonnables ont été reconnus, mais sans nommer personne…
Nous avons senti un accent de compassion, dans l’évocation de notre exode et de nos difficultés de réinstallation, et le ton général allait dans le sens d’une officialisation de notre histoire. Nous avons aussi perçu le difficile équilibre, du « en même temps », qui reconnait des crimes, mais ne nomme pas les assassins. La prochaine étape de nos actions, sera, puisqu’il y a eu crimes impardonnables, de trouver et nommer les criminels qui ne seront jamais pardonnés.
Les archives de la période du 26 mars allaient maintenant être déclassifiées et ouvertes à tous, et ça c’est une très bonne nouvelle pour les historiens, au premier plan desquels j’ai vu Jean Jacques Jordi et Jean Monneret…
Bien entendu, pas d’accès aux archives Algériennes, hélas, car dire le vrai grandit les hommes.
Voilà, bien sûr, je quitte l’Elysée avec ce gout de « trop peu », qui aiguise notre envie, notre appétit de Justice. Cependant, je suis conscient d’avoir aujourd’hui, vécu un jour historique qui ne conclut rien, mais qui au contraire, ouvre le Grand Livre de l’Histoire de France racontée par ceux qui l’ont vécu, afin que nous puissions écrire quelques pages, que nos enfants liront peut-être avec fierté.
Il y avait tant à dire…Continuons…L’ANRO continuera...
François Paz
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